Avant l'occupation romaine, Juvigny sur Loison se trouve à la limite des territoires des tribus celtes des Trévires, des Rèmes et des Médiomatriques, qui occupaient le Nord-est de la Gaulle.

A l'époque gallo-romaine, Juvigny sur Loison est très proche de Bâalon où de nombreux vestiges archéologiques gallo-romains du IIIème siècle sont découverts : bâtiments dont des thermes, maisons, rues, poteries, statue en bronze, monnaies... prouvant l'importance à l'époque de cette agglomération dominée par le camp militaire, et qui devait compter environ 10 000 habitants. 

Le nom du village viendrait de Joviniacum, dérivé du nom du propriétaire gallo-romain JOVINIUS qui possédait les terres, les bâtiments de ferme et la villa à cet endroit.
Une autre possibilité : pour certains, Juvigny (Joviniacum) aurait un rapport avec le culte de Jupiter (Jovis) car selon eux il existait jadis un autel dédié à Jupiter sur la hauteur voisine du village où se trouvait primitivement l'église paroissiale dédiée à Saint Denis mais, cette conjecture paraît peu probable.

Le village fut célèbre sous l’Ancien Régime avec le nom de Juvigny-les-Dames par la présence d’une abbaye bénédictine fondée au IXe siècle par Richilde, femme de Charles II dit le Chauve, né le 13 juin 823 à Francfort-sur-le-Main et mort le 6 octobre 877 à Avrieux. Petit-fils de Charlemagne,  celui-ci devint l'empereur de l'occident après le partage de l'Empire carolingien en trois parties (Traité de Verdun de 843).

L'abbaye fut donc fondée en 874 par la reine Richilde et son époux Charles II le Chauve pour abriter les reliques de Sainte Scholastique, sœur jumelle de Saint Benoît de Nursie.

C'est neuf siècles d'histoire que traversa l'Abbaye de Juvigny sur Loison de l'An 874 à l'année 1794 (An II de la nouvelle république où elle fut livrée au pillage et à la démolition) : neuf siècles durant lesquels elle subit les guerres féodales, les guerres de religion, la convoitise des Princes voisins, le pillage des gens d'armes, la peste et la Révolution.

Cette période agitée a néanmoins été marquée par d'admirables DAMES, Princesses ou Religieuses et trente-deux abbesses se succédèrent à la tête de cette abbaye moniale dont les plus connues sont :
- Au IXe siècle RICHILDE épouse du Roi de France et futur Empereur d'Occident, fondatrice de l'abbaye qu'elle dota richement,
- Au XIe siècle MATHILDE de Toscane, bienfaitrice d'Orval, alliée du Pape Grégoire VII et qui tint tête à l'Empereur HENRI IV de Germanie,
- Au XVIIe siècle SCHOLASTIQUE-GABRIELLE DE LIVRON BOURBONNE, la réformatrice, abbesse à l'âge de 23 ans qui gouverna l'abbaye pendant plus de 54 ans. Elle fit rétablir la règle de Saint Benoît, construire l'église abbatiale et le mur d'enceinte en 1624.
- Au XVIIIe siècle LOUISE-GABRIELLE DE LIVRON dite la "gestionnaire", qui récupéra les biens de l'Abbaye et fit l'acquisition de la seigneurie et ferme fortifiée de HUGNES (1665),
- Au XVIIIe siècle ALEXIS-MADELEINE de VASSINHAC-IMECOURT, abbesse pendant 66 ans. C'est sous son abbatiat que fut construite l'église paroissiale (1774),
- Au XVIIIe siècle également MARIE-LOUISE-VICTOIRE de VASSINHAC-IMECOURT, la dernière abbesse. Elle fit face aux bouleversements de la Révolution et fit don des reliques de Sainte Scholastique à l'église paroissiale où elles sont toujours vénérées lors d'un triple pèlerinage annuel. 

En 1858, le comte de Vassinhac-Imécourt, propriétaire du magnifique château de Louppy-sur-Loison (à 3 km) et neveu de la dernière abbesse de Juvigny, restaure une partie des ruines et fonde un pensionnat religieux pour garçons. Dirigée par les frères de la doctrine chrétienne, cette école connaît une certaine renommée et compte 223 internes à la fin du XIXe siècle. L’édifice est désormais occupé par la Fondation Perce-Neige.

L’ancienne maison de santé de l’abbesse qui date de 1624 est encore visible rue de l’Hôpital et a donné son nom à la rue. Destinée à soigner les pauvres et nécessiteux de la région, elle est isolée des bâtiments conventuels par un vaste jardin.

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L’église Saint-Denis, construite en 1774 et classée monument historique pour son choeur, possède une tour clocher rehaussée d’un toit à l’impériale. L’abbesse de Juvigny ALEXIS-MADELEINE de VASSINHAC-IMECOURT, aurait exigé qu’il ne dépasse pas en hauteur le clocher de l’église abbatiale, ce qui explique son aspect trapu.
N’oubliez pas aux n°1 et 3, rue des Vignes, la maison des chapelains de 1634, et, le long du Loison, le site du moulin à farine en activité jusqu'au début du XX éme siécle, aujourd'hui transformé en maison d'hôtes.

Non loin du village, l’actuelle ferme fortifiée et seigneurie de Hugnes est caractéristique des maisons fortes construites en plaine. La porte d’entrée est surmontée d’une tour dont la façade possédait trois rainures où venaient s’emboîter les flèches du pont levis. 

Le village compte trois lavoirs. L’un d’eux, assez remarquable, bénéficie d’un toit impluvium.

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Tout au long du XIXéme siècle, Juvigny-sur Loison vécut une période faste de croissance économique et démographique accueillant de nombreux commerces, artisans et exploitations agricoles et viticoles pour approcher les 1000 habitants au début du XXème siècle.

La grande guerre fut une période d'occupation, la commune fut transformée en base arrière de repos pour les troupes allemandes et de camps de prisonniers Belges, Russes, Polonais...
Comme dans de nombreux villages de France plusieurs de ses fils sont tombés au champ d'honneur. Pour ses faits de guerre et son abnégation, la commune fut décorée de la Croix de Guerre le 5 février 1921 par le ministre de la guerre Louis Barthou du gouvernement d'Aristide Briand.

Le panneau d'indication du Quartier General allemand "Kommandantur" est encore visible au début de la rue de l'abbaye.

La seconde guerre mondiale fut aussi le théâtre de l'occupation allemande avec toutes les privations que l'on peut imaginer.

La résistance était aussi active, non loin du village sur la route de Stenay en forêt de Mouzay où six jeunes maquisards furent assassinés, fusillés le 4 août 1944 par la Gestapo de Verdun. En leur honneur un monument a été érigé sur le lieu de leur exécution.

Juvigny sur Loison a été frappé durement tout au long du XXéme siècle par les conflits mondiaux et l'exode rural qui ont engendré, aussi bien un affaiblissement économique qu'une régression démographique. Mais la fin du siècle dernier et le début du XXIéme siècle marquent un renouveau dans la dynamique du village.

Sources : Wikipedia, Centre archeologique de Meuse, l'Abbé Loison, l'Abbé Gervaise, Monseigneur Aimond, Archives Nationales

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